Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/222

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

depuis longtemps je ne m’étais pas ressaisi. La forme, et la force, d’un article ne me suffisaient donc plus pour répondre, ne portaient donc plus ma réponse. De toutes parts j’étais conduit, j’étais contraint à faire un communiqué.

L’expérience, hélas, le résultat devait malheureusement me justifier au delà de toute prévision. Ce n’est point sans une grande honte intérieure, sans le sentiment d’un grand abaissement de soi qu’on est ainsi l’objet d’une ingratitude et d’une bassesse. Il y a des fautes que l’on commet, qui sont graves, qui impliquent, qui emportent moins cette honte, le sentiment de cette bassesse et de cet abaissement que ces sortes d’offenses dont on est l’objet, que l’on n’a rien fait pour faire naître. Que l’on voie l’expérience ; que l’on voie le résultat. Que l’on voie ce ton de bassesse, ce niveau de bassesse où je tombe moi-même, où je suis moi-même descendu et dont j’ai honte aussitôt que je réponds moi-même à M. Laudet en me plaçant sur le terrain de M. Laudet et en entrant en conversation avec M. Laudet. Qu’est-ce qui resterait de tout ce débat, malheureux, si je n’eusse point fait, si je n’eusse point écrit ce communiqué. Qu’est-ce qu’il y aurait dans ce cahier, hélas, si je n’eusse point écrit ce communiqué. Je serais bien malheureux si j’avais dû consacrer deux mois de ma vie à ces misères et à ces bassesses, deux mois pleins de ma vie à M. Laudet et à répondre à M. Laudet en me tenant uniquement à M. Laudet, en me tenant sur le terrain, sur le plan de M. Laudet, en tenant la conversation vite et uniquement avec M. Laudet. On n’a qu’à voir le misérable résultat, le