Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/229

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était en élémentaires ou en spéciales et préparait l’École Polytechnique), — pour la première couche, et pour la deuxième couche plus ou moins cagneux Baillet, Lotte, Riby, Poisson, l’autre Tharaud, alter, l’autre des deux, toi Lotte ; singulière compagnie non point d’amitié seulement, singulière compagnie de fidélité où la mort seule a pu frapper un manque, où vingt années de l’usure de la vie n’ont pu introduire une fissure. Quand viendra l’âge des Confessions, — (il approche, Dieu merci, mon vieux Lotte, il approche, il approche, il ne tardera plus guère), — nous essaierons de représenter ces deux ou trois merveilleuses années de notre jeunesse, les ardentes années. Tout était pur alors. Tout était jeune. Et tu entends bien que par là je ne veux pas dire en ceci seulement que nous étions jeunes et que nous voyions le monde jeune. Historiquement tout fut jeune alors pendant trois ou quatre merveilleuses années. Un socialisme jeune, un socialisme nouveau, un socialisme grave, un peu enfant, — (mais c’est ce qu’il faut pour être jeune), — un socialisme jeune homme venait de naître. Un christianisme ardent, il faut le dire, profondément chrétien, profond, ardent, jeune, grave venait de renaître. On le nommait lui aussi assez généralement catholicisme social. Dans le socialisme, qui lui-même par un échange était une sorte de christianisme du dehors, dans Jaurès même les contaminations jauressistes n’étaient point nées et n’avaient point encore pénétré. L’affaire Dreyfus ne préparait encore que dans le plus profond de l’ombre ses inconcevables destinées. La France elle-même paraissait se préparer joyeusement et pleinement, sainement et presque bruyamment et presque avantageusement. À quoi hélas elle se prépa-