Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/236

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traire à mon tempérament même. Je n’ai jamais caché le goût profond que j’ai pour le comique. L’un exclut l’autre. Le comique est de la grande famille du tragique et du sérieux. Rien n’est aussi sérieux que le comique. Rien n’est aussi profondément apparenté au tragique que le comique. On pourrait presque dire que l’un est une autre face de l’autre. C’est pour cela que chez tous les peuples intelligents le comique et le tragique, la comédie et la tragédie vont ensemble, comme deux beaux bœufs, obéissent exactement au même joug, pointés du même aiguillon obéissent exactement aux mêmes règles. Aux mêmes règles d’art. Aux mêmes règles externes de représentation. Aux mêmes règles internes d’une représentation intérieure. Aux mêmes régulations internes. Aux mêmes règles organiques. Les cinq actes de Molière sont la réplique exacte des cinq actes de Racine et de Corneille. Le comique et le tragique, la comédie et la tragédie sont étroitement liées dans le sérieux. L’ironie au contraire est le plus bel ornement du frivole.

Je le dis donc sans aucune ironie, je suis heureux que M. Laudet dans son article se soit à ce point montré si bon camarade et si bon patron pour M. le Grix. Je le dis sans ironie aucune, cela l’honore grandement. Le danger, pour son caractère, pour l’estime que nous devons garder de son caractère, le danger était que voyant M. le Grix embarqué dans une aussi mauvaise affaire il n’eût quelque velléité de l’y abandonner. De le laisser s’en sortir tout seul. Non seulement il ne l’a point fait. Mais il vient très activement au secours de son jeune collaborateur, il s’y occupe, il s’y emploie. Il n’y chôme point. Tout son article est visiblement inspiré