Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/25

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ne sont des textes sacrés, ni ils ne sont des textes antiques. L’établissement, la lecture et l’édition de ces textes ne constitue pas proprement une exégèse. Enfin, cher monsieur Laudet, ce n’est point M. Anatole France qui nous a donné les textes des Procès. Michelet les avait lus et Quicherat en a fait du premier coup une édition que l’on peut dire éternelle. Tout ce que l’on peut lui reprocher quand on travaille dessus, est peut-être que sa table analytique des matières n’est pas complète.

Mais ne querellons point M. Laudet sur des fautes de français. La propriété des termes n’est évidemment point son fort. Non seulement il trouve que M. Anatole France a fait une exégèse. Mais il trouve qu’il a fait une pieuse exégèse. Nous avons dit souvent que les attaques les plus violentes, les persécutions les plus brutales contre notre foi étaient infiniment moins dangereuses que les tentatives d’insinuation doucereuses. Ou plutôt les attaques violentes, les persécutions brutales ne sont point dangereuses pour notre foi. Elles ne font que de la ranimer. Seules les insinuations, les tentatives de pénétration doucereuses peuvent la corrompre. Dans ce cas particulier nous avons toujours pensé que les diatribes de M. Thalamas étaient infiniment moins dangereuses pour le culte que nous rendons à Jeanne d’Arc et au fond infiniment moins impies que les insinuations précautionneuses de M. Anatole France. Et les insinuations précautionneuses de M. Anatole France elles-mêmes, quand elles nous étaient présentées brutalement par les combistes, elles n’étaient pas dangereuses. Elles peuvent l’être infiniment quand elles nous sont hypocritement présentées comme des piétés