Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/251

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Pour moi, c’est évidemment une faiblesse, mais je ne juge pour ainsi dire jamais un homme sur ce qu’il dit, mais sur le ton dont il le dit. Ce que nous disons est souvent grave, sérieux. Le ton dont nous le disons l’est toujours. Ce que nous disons n’est pas toujours décélateur. Le ton dont nous le disons l’est toujours. Il y a dans cet article de M. Laudet une constante vulgarité de fond de cette sorte qui reparaît constamment à la surface par plaques et qui me donne la plus mauvaise opinion, et de sa pureté d’intention, — (je n’ai tout de même pas le droit de parler de sa pureté de cœur), — et même de moins que de cela, d’une certaine finesse élémentaire, d’une certaine bonne tenue élémentaire moyenne de cœur et d’esprit, le moins que l’on puisse demander. Le mécanisme de cette grossièreté, de cette vulgarité est, lui, aisément saisissable. Il consiste à rapporter directement comme une pièce mal ajustée je ne dis pas le sacré au profane, ce qui ici n’aurait aucun sens, mais une certaine grandeur de sainteté, un certain ton de sacré, à une tout autre petitesse de médiocrité chrétienne comme peut être la nôtre. Au lieu de référer nos médiocrités chrétiennes aux grandeurs des saintetés chrétiennes pour cette opération de report dans la communion que nous devons faire et qui peut nous sauver, M. Laudet les rapproche, les rapporte instantanément l’une à l’autre, l’une sur l’autre, comme deux pièces mal jointes, mal faites, mal ajustées, non faites l’une pour l’autre, brutalement, il en fait un raccord mal fait. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre. Ou plutôt je sais que je ne me fais pas bien comprendre. Je sens très vivement, — (mais c’est difficile à exprimer), — je sens très vivement que