Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/267

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avait reçu le plus grand commandement qui ait jamais été donné à une sainte, qui avait été appelée pour la plus grande vocation, qui avait été envoyée dans la plus grande mission non seulement ne demanda jamais pour elle un miracle physique ordinaire mais quand on lui en demandait, c’est-à-dire exactement quand on lui demandait d’en demander, comme on avait coutume de le demander aux saints, vite elle se récusait, se dérobant presque derrière son incompétence. Elle ne savait pas. Elle n’avait point été envoyée pour cela.

Elle accomplit une tâche divine par des moyens simplement humains. Elle exécuta un ordre divin par des moyens strictement humains. Elle répondit à une vocation divine par des moyens rigoureusement humains, par un travail, par une guerre militaire, par des opérations, par des efforts exactement humains. Elle accomplit une mission divine par des moyens simplement humains. C’est ce qui lui donne une place à part, une place toute éminente dans la hiérarchie des saintetés. Notons encore, notons en outre que la matière où devait s’exercer cette sainteté était la plus extraordinaire, la plus hors de l’ordre, habituel, on pourrait presque dire la plus étrangère aux matières habituelles de la sainteté. Et même la plus contraire et ennemie aux matières habituelles de la sainteté. Entre toutes elles fut véritablement envoyée en mission extraordinaire. Par ces deux commandements elle a une place unique dans la hiérarchie des saintetés, elle est sainte et bénie entre toutes les saintes et ensemble par le premier elle est femme entre toutes les saintes.

Que si d’autre part on veut la considérer non plus à