Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/270

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précisions. À opérer ces quelques précisions. Elle ne fut jamais réellement couverte par la loi de chevalerie. Enfin par ce qui restait de son temps de la loi de chevalerie. Non seulement, pour une sainte, elle faisait la guerre. Non seulement elle faisait une guerre ordinaire. Mais cette guerre ordinaire elle la faisait non couverte par les protections ordinaires de la guerre. Enfin par le peu de loi de la guerre qu’il y avait encore. Ou qu’il y avait déjà. Elle était donc découverte au deuxième degré. Pour se défendre contre l’usage de la guerre elle n’avait que l’usage de la guerre. Pour se défendre contre l’abus de la guerre elle n’avait rien, puisque sainte elle n’avait naturellement pas, elle ne devait, elle ne pouvait pas avoir l’abus de la guerre. Contre l’usage de la guerre elle n’avait qu’une cuirasse ordinaire, une cuirasse comme tout le monde. Une cuirasse du commencement du quinzième siècle, monsieur le Grix. Toute flèche temporelle pouvait la blesser. On le vit bien à Orléans. On le vit bien à Paris. Toute main temporelle pouvait la saisir à l’épaule et la faire tomber de cheval. On le vit bien à Compiègne. Toute main temporelle pouvait lui bâtir l’appareil de sa mort. On le vit bien à Rouen. Mais ceci encore n’était qu’au premier degré. Dans l’usage de la guerre elle n’était point couverte. Dans l’abus de la guerre au deuxième degré elle n’était point couverte. Les Anglais ne cessèrent jamais de l’assaillir des plus basses injures. Enfin on le vit bien à Compiègne et à Arras et au donjon de Crotoy et à Rouen. Car faite prisonnière de guerre elle fut jugée comme prisonnière d’Église ou enfin, de quelque manière que l’on retourne la difficulté, faite prisonnière de guerre elle fut gardée prisonnière de