Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/275

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On pourrait presque dire est un bon chrétien.

Ce non obstant qu’oncques rien ne valuz.
Les biens de vous, ma dame & ma maistresse,
Sont trop plus grans que ne suis pecheresse,
Sans lesquelz biens ame ne peut merir
N’auoir les cieulx ie, n’en suis iungleresse.
En ceste foy ie vueil viure & mourir.

Le pécheur, ensemble avec le saint, entre dans le système, est du système de chrétienté.

Celui qui n’entre pas dans le système, celui qui ne donne pas la main, c’est celui-là qui n’est pas chrétien, c’est celui-là qui n’a aucune compétence en matière de chrétienté. C’est celui-là qui est un étranger. Le pécheur tend la main au saint, donne la main au saint, puisque le saint donne la main au pécheur. Et tous ensemble, l’un par l’autre, l’un tirant l’autre, ils remontent jusqu’à Jésus, ils font une chaîne qui remonte jusqu’à Jésus, une chaîne aux doigts indéliables. Celui qui n’est pas chrétien, celui qui n’a aucune compétence en christianisme, en chrétienté, en matière de chrétienté c’est celui qui ne donne pas la main. Peu importe ce qu’il fasse ensuite de cette main. Quand un homme peut accomplir la plus haute action du monde sans avoir été trempé de la grâce, cet homme est un stoïque, il n’est pas un chrétien. Quand un homme peut commettre la plus basse action du monde précisément sans commettre un péché, cet homme n’est pas un chrétien. Le chrétien ne se définit point par l’étiage, mais par la communion. On n’est point chrétien parce qu’on est à un certain niveau, moral, intellectuel, spirituel même. On