comme son originalité propre. Le résultat ne se voit nulle part plus au clair que dans l’extravagante « Épître votive » à Ernest Psichari (numéro 35). Cependant « il faut essayer », comme dit plus loin l’auteur (page 297), « de nous remettre un peu à parler français ». C’est aussi mon avis. Disons donc nettement, en français, que cette Épître et plusieurs, des morceaux qui la précèdent et qui la suivent sont du bafouillage tout pur.
Passons sur la forme. Car l’auteur se considère surtout, sans doute, comme un philosophe, un moraliste et un penseur. Il a été jadis dreyfusiste avec une ardeur profonde, ainsi, du reste, que beaucoup de ses contemporains, jeunes ou vieux, qui, quoiqu’ils aient aussi plus ou moins souffert pour cette cause (quelques-uns au point d’en mourir) n’en ont pas fait, depuis, tant d’embarras. Il a été dreyfusiste ; mais il ne saurait se consoler que l’affaire Dreyfus n’ait pas amené le règne de la Propreté sur la terre, et, subsidiairement, la glorification personnelle de ses meilleurs combattants. Quoi, nous avons été soulevés par une telle vague d’enthousiasme, nous avons été si « grands », nous valions, « je le dis comme c’est, les hommes de la Révolution et de l’Empire »,[1] nous valions des « hommes qui ont eu les plus hautes fortunes » (page 205) ; et voilà ce qui s’en est suivi : l’ignominie des jours présents et l’obscurité pour le juste. L’auteur est, à l’égard du Dreyfusisme triomphant, dans l’état d’esprit d’un chrétien des âges apostoliques qui aurait vu s’accomplir en quelques années, sans s’y associer, l’évolution que l’Église a parcourue en plusieurs siècles : de la lutte pour l’Idéal à l’adaptation aux iniquités de ce monde et au dédain de l’idéalisme obstiné. — Voilà, si je ne me trompe, le fond de la philosophie de
- ↑ Il y a bien : « et de l’Empire ». — (Note de la Revue Critique).