Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/34

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det, la discutée, c’est précisément toute Jeanne d’Arc, au moins toute celle qu’il nous est permis de connaître, parce que c’est toute la missionnaire et toute la martyre ; et Jeanne ne nous appartient que missionnaire et martyre, de même, dit toujours M. Laudet, de même que le Christ ne nous appartient qu’après le jour où il lui plut de sortir de ses longues années d’ombre épaisse. » — En d’autres termes M. Laudet, nouveau docteur, nous interdit, — (et de quel ton), — de contempler, de nous proposer d’imiter les vertus des saints dans toutes les périodes de la vie des saints qui n’étaient pas des périodes de vie publique. Pour nous interdire de contempler les Vertus de Jeanne d’Arc, la Foi, la Charité, bientôt l’Espérance de Jeanne d’Arc, pour nous interdire d’assister à la grande Procession. Il y avait une grande procession. En tête les trois Théologales

Marchaient. Pour nous interdire de contempler les Vertus de Jeanne d’Arc jusqu’au moment où elle quitta la maison de son père, M. Laudet, doctor novissimus, nous interdit de contempler les Vertus de Jésus jusqu’au moment où il quitta la maison de son père. Voilà ce que notre nouveau docteur fait de l’imitation de Jésus-Christ.

Cette proposition, — que dis-je, une proposition, — M. le docteur ne se contente point de proposition, — ce commandement, cette interdiction superbe est si grossièrement hérétique, elle est si monstrueuse que la lisant on doute d’abord, on est suffoqué. Il faut surmonter cette suffocation. Ou plutôt il faut la garder pour une occasion meilleure. Cette occasion meilleure ne tardera guère. M. le docteur y pourvoira.