Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/35

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Évidemment on est suffoqué de cette assurance extraordinaire. Il faut surmonter cette suffocation. Il faut examiner cette proposition, ce commandement, cette interdiction dans le détail. Jeanne, dit M. Laudet, ne nous appartient que missionnaire et martyre. Nous reviendrons sur ce point en ce qu’il a de particulier à la vie de Jeanne d’Arc. Mais généralement d’abord, et pour ce qui concerne tous les saints, M. Laudet se fait sur la vie des saints, sur la communion des saints, sur les vertus des saints des idées extraordinaires. Il paraît ignorer que des milliers, et des milliers, que des centaines de milliers de saints, que des saints innombrables ont gagné le ciel, ont fait leur salut les yeux fixés sur la vie obscure des autres saints, et en eux et par eux en cette vie obscure et directement sur la vie obscure de Jésus. Mais nous-mêmes ne perdons pas la respiration. Que les injonctions de ce grand docteur ne nous coupent point le souffle. Nous-mêmes précisons :

Nous examinerons ci après ce qui dans les propositions de M. Laudet est particulier à Jeanne d’Arc. Retenons d’abord ce qui dans ces propositions est général, ce qui atteint Jésus et tous les autres saints.

F. — Premièrement pour nous interdire de considérer les Vertus de Jeanne d’Arc jusqu’au moment où elle quitta la maison de son père, M. Laudet nous interdit de considérer les Vertus des saints qui n’ont pas eu de vie publique. Que deviennent alors, dans le système de M. Laudet, dans la théologie de M. Laudet, les vies, les souffrances, les épreuves, les exercices, les travaux, les Vertus, les grâces, les mérites, les prières de ces