Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/48

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temporelles ; qu’un pauvre homme dans son lit, que le dernier des malades peut au regard de Dieu, (et la chrétienté tout entière l’ignorant jusqu’au Jugement), mériter secrètement plus que le plus glorieux des saints. Faut-il renvoyer M. Laudet à la Prière pour demander à Dieu le bon usage des maladies. Ce n’est pas seulement la grandeur, c’est le propre de notre foi que la sainteté, que la grâce opère avec un minimum de matière temporelle et même qu’elle n’est jamais si à l’aise et si elle-même que dans le minimum de matière temporelle. Une liaison si parfaite unit le dernier des membres au Chef Couronné que le dernier des malades, dans son lit, est admis à imiter la souffrance même de Jésus en croix. Le dernier des malades, dans son lit, imite littéralement, imite effectivement, imite efficacement la Passion même de Jésus, le martyre de Jésus et des autres saints et martyrs. Pascal, monsieur Laudet, est un auteur chrétien au moins égal à M. Anatole France. Pourtant le Sacrifice de la Croix est un sacrifice public, fut un sacrifice public et rien n’est aussi privé, rien n’est aussi non public qu’une misérable maladie qui tient un homme cloué sur son lit dans une misérable chambre. Il faut croire, monsieur Laudet, que la communion chrétienne, que la théologie chrétienne ne tient aucun compte de cette distinction, capitale dans votre théologie, du public et du non-public, puisque passant inconsidérément par dessus votre distinction nous avons reçu comme une des vérités essentielles de notre foi que le plus secret des malades imite littéralement la Passion de Jésus, les prières de Jésus, les souffrances de Jésus, les Vertus de Jésus, les mérites de Jésus, participe à la Passion, aux