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prières, aux souffrances, aux Vertus, aux mérites de Jésus ; que la maladie, les prières, les souffrances, les Vertus, les mérites du plus secret malade d’une part et la Passion, les prières, les souffrances, les Vertus, les mérites de Jésus d’autre part sont versés au même Trésor.

Que le dernier des malades peut, par une sorte d’affectation à Dieu, de consécration à Dieu, tourner sa maladie en martyre, faire de sa maladie la matière même d’un martyre.

§ 106. — Faut-il ajouter notamment pour Jeanne d’Arc que par une singulière élection, par une vocation éminente, unique peut-être à ce point, elle subit conjointement le martyre secret de la maladie et le martyre public du feu. Nous savons par tous les textes qu’elle était brisée par plus de sept ans de combats intérieurs, par plus de cinq ans de vocation, par un an de bataille, (sans compter les batailles intérieures), par un an de captivité, par six mois de procès quand elle eut à subir la plus dure épreuve.

§ 107. — Si peu d’hommes ont été appelés à la mission publique et au martyre, si la vocation de la mission et du martyre, si la mission elle-même et le martyre ont été donnés à peu d’hommes, en revanche, ou plutôt en dessous nous avons tous reçu la commune mission propre, pour ainsi dire, la commune vocation propre de nous sauver ; et notamment nous avons tous reçu la commune loi de travail. M. Laudet lui-même ne l’ignore peut-être pas. Or dans la morale chrétienne et même la théologie chrétienne la loi du travail n’a point de base d’application plus sérieuse que le travail