Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/59

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point aussi arrêtée qu’on nous la fait. Elle est peut-être beaucoup plus précaire et mobile qu’on ne nous la fait. Mais au sens et dans la mesure où elle est certaine, je veux dire où il est certain qu’elle est, au sens et dans la mesure où elle est constante, où elle est acquise, la relation du public et du privé en matière de sainteté s’établit telle et en ce sens, allant dans ce sens que le public baigne dans le privé, plonge dans le privé. Le public en matière de sainteté (pro)vient du privé. Le public est tout soutenu du privé, tout nourri, tout du privé. C’est le privé qui est la matière propre, la base d’application, le dessous de la sainteté. C’est le privé qui est la terre profonde. La matière née, la terre natale de la sainteté. C’est du privé que la sainteté vient, naît. C’est du privé qu’elle vient proprement. C’est dans le privé qu’elle se retrempe. C’est dans le privé qu’elle se trouve, et se retrouve, chez elle. C’est du privé que la sainteté croît. Ce sont les saints publics qui sont particuliers et ce sont les parties publiques, les saintetés publiques qui sont particulières. Et ce sont les saints privés qui sont généraux, ce sont les parties privées, les saintetés privées qui sont générales, communes, ordinaires, littéralement qui sont dans l’ordre. Il est avéré, il suffit de connaître moindrement l’histoire des saints qui ont reçu des missions publiques pour savoir non seulement que ces saints publics étaient particuliers et que ces missions publiques étaient particulières, mais qu’elles ont généralement et même universellement été considérées par ces saints littéralement comme des missions, c’est-à-dire comme des envois, pour ainsi dire en mission extraordinaire ; extérieure ; en dehors ; (et non pas seulement en mission particulière) ;