Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/63

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Jésus pour les non-publics. Tout le monde sent bien que les pauvres et les obscurs sont les favoris dans le royaume de Dieu. Ça en serait presque injuste, s’il n’était loisible à tout le monde d’être pauvre. Les saints le sentaient bien, les saints l’ont bien compris qui devenus saints publics, envoyés en missions publiques, c’est-à-dire en missions extraordinaires, se sont toujours un peu considérés comme éloignés de la cour.

§ 119. — Les saints y pourvoyaient premièrement en portant, en transportant la vie privée jusqu’en vie publique, les vertus de la vie privée jusqu’aux vertus de vie publique, en prolongeant, (il ne faut même pas dire en augmentant, en accroissant, en agrandissant), en prolongeant simplement la vie privée et les vertus de la vie privée en vie publique et en vertus de la vie publique sans l’ombre d’une interception. Par le ministère et dans la personne de ces saints les vertus privées étaient promues, prolongées vie et vertus publiques, devenaient vertus publiques, étaient continûment prolongées vertus publiques, par le ministère et dans la personne de ces saints les vertus privées recevaient en matière publique leur application pleine et directe. Les vertus publiques étaient les vertus privées elles-mêmes, devenues publiques, prolongées publiques, les mêmes devenues publiques. Un homme comme saint Louis était un homme, un saint qui gouvernait le royaume de France exactement, directement, rigoureusement comme un bon père de famille gouverne sa maisonnée, comme un père de famille chrétien gouverne sa femme et ses enfants, — sa maison. — C’est dire que dans la théologie chrétienne, dans la réelle chrétienté le gouvernement de