Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les vertus privées ; d’abord la vie privée. Un saint n’était saint que si le tissu même de sa vie était sainte, que si sa vie quotidienne était sainte, que si sa vie privée était sainteté. Ensemble c’était cela d’abord que le peuple chrétien demandait à ses saints et c’est cela d’abord, c’est cela en dessous que les saints savaient bien que leur peuple d’abord leur demandait. Car c’était cela le premier, et le commun, et la nourriture et la grâce. C’était cela le connu, le rassurant, le familier, le nourrissant, le gracieux. Un saint public qui rentrait dans du privé était un saint qui se rassurait. Cela est particulièrement sensible dans toute la mission de Jeanne d’Arc.

§ 122. — C’est pour cela que si M. Laudet avait la moindre idée de ce que c’était réellement que la vie de la chrétienté il saurait que tous les procès de l’Église ne portent à beaucoup près sur rien tant que sur la vie privée, sur les mœurs privées, sur les vertus privées. Ce que le peuple chrétien demandait avant tout et sur tout à ses saints c’était une vie privée, des mœurs privées, des vertus privées. Eh bien cette demande est en quelque sorte pour nous enregistrée historiquement, inscrite historiquement par ceci et en cette forme, notariée, que les procès d’Église requéraient avant tout et sur tout une vie privée, des mœurs privées, des vertus privées.

§ 123. — Notamment si M. Laudet avait quelque idée, parmi les procès d’Église, de ce que c’est qu’un procès de canonisation il saurait que ce que ces procès, — publics, je pense, — requièrent avant tout du can-