Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/68

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didat ce sont une vie privée, des mœurs privées, des vertus privées. On demandait avant tout au candidat, — on lui demandait officiellement et publiquement, monsieur Laudet, — on lui demande encore, — une vie privée, des bonnes mœurs, des mœurs privées, des vertus privées. On demandait avant tout au saint, — on lui demande encore, — d’être un bon chrétien. On ne lui demandait des choses extraordinaires, quand on lui en demandait, qu’après. — Je suis bonne chrétienne, — le mot terrible de Jeanne d’Arc au Procès, le mot du dernier retranchement, la litanie du dernier retranchement. Ce cri de la dernière agonie, du dernier combat, selon M. Laudet ne nous appartiendrait pas. M. Laudet n’est pas sans avoir entendu parler à la Revue hebdomadaire d’un certain sire de Joinville qui nous a laissé une vie, une histoire de saint Louis. Cette vie est en réalité une contribution (historique) à une enquête, à un procès de canonisation. M. Laudet nous concédera peut-être que saint Louis, roi de France, était un homme public. Alors comment se fait-il que dans cette vie de saint Louis, par le sire de Joinville, il y ait une partie entière, considérable, qui soit de cette vie privée qui censément ne nous appartient pas et que tout le reste du livre soit encore plein de cette même vie privée.

§ 124. — Pareillement et pour ainsi dire parallèlement si M. Laudet avait quelque idée, si M. Laudet avait la moindre idée de ce que c’est qu’un procès d’hérésie, qui est censément comme l’envers d’un procès de canonisation, comme un procès de canonisation en creux, il saurait que dans un procès d’hérésie l’en-