Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/69

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quête, ou les enquêtes, ne portait sur rien tant, n’entreprenait pour ainsi dire rien tant, ne saisissait rien tant, n’atteignait rien tant que la vie privée, les mœurs privées, les péchés privés, les vices privés.

§ 125. — Particulièrement, et notamment, et presque éminemment, (Jésus seul étant éminent), et nommément pour en venir enfin à ce que nous voulions dire, à ce que nous avions à dire de Jeanne d’Arc si M. Laudet avait quelque idée, si M. Laudet avait la moindre idée de ce que c’était que les procès de Jeanne d’Arc, (qui furent, ne l’oublions pas, des procès d’Église, des procès ecclésiastiques), notamment et premièrement de ce que fut le procès de condamnation, (qui fut, ne l’oublions pas, un procès d’hérésie), si M. Laudet avait seulement ouvert son Quicherat, pas le France, monsieur Laudet, le Quicherat, le seul qui ait fait, qui nous ait donné une édition des Procès, il saurait que l’enquête, ou plutôt que les enquêtes portèrent pour une très grande part, et peut-être pour la plus grande part, sur les mœurs, sur la vie privée, sur des allégations atteignant les vertus privées.

§ 126. — De sorte que, — et ce sera notre dernière conclusion sur ce point, — de sorte que ce que M. Laudet nous interdit de considérer dans la vie de Jeanne d’Arc, sa vie privée, ses vertus privées, ses mérites privés, ce n’est pas seulement le modèle et le support et le commencement et la nourriture et comme l’essence de sa vie publique, de ses vertus publiques, de ses mérites publics, mais c’est textuellement ce dont le Procès de Condamnation est plein, et ce dont est plein