Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/80

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public ne nous dit rien qui vaille et nous restera toujours suspect et imaginaire et que le seul public que nous voulons est un public fraîchement, récemment, de novo, premièrement composé, constitué, appuyé, garanti de privé. Ce n’est que diamétralement le contraire de ce que croit M. Laudet. Nous voulons que le héros sorte du peuple, soit du peuple. Nous voulons que le saint sorte du peuple, soit du peuple. Nous voulons que le public sorte directement et immédiatement du privé, soit directement et immédiatement du privé. Soit directement et immédiatement nourri du privé. Que le contact surtout n’ait point été rompu. Nous voulons que le saint sorte et soit de la paroisse. Et nous voulons que ce soit cette vieille paroissienne qui vienne nous l’attester.

§ 143. — M. Laudet croit que l’on ne fait du public qu’avec du public. Que le public est pour ainsi dire d’avance du public. Nous voyons au contraire que le public ne prend sa force que du privé, ne vient, ne tient, ne naît, ne croît que du privé. Ne tire sa nourriture que du privé. On ne fait du public qu’avec du privé. Ce public, qui nous appartient, ne se fait qu’avec ce privé, qui ne nous appartient pas. M. Laudet en est choqué. M. Laudet n’en avait pas vu si long. Mais M. Laudet n’a-t-il point entendu dire, (à la Revue hebdomadaire, ce centre de nos informations), que quelquefois on faisait des militaires avec des civils. Il faut dire à la décharge de M. Laudet que depuis quelque temps en effet on fait surtout des civils avec des militaires.

§ 144. — M. Laudet ne nous permet pas de consi-