Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/89

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teuse, de forme et de pensée, (ce qui va souvent ensemble), fort mal écrite, ou plutôt pas écrite du tout, où M. Laudet représentait que M. Péguy « tentait d’enchaîner la chimère… » il semblait bien, sous l’incertitude hasardeuse et sous le goût douteux ou plutôt non douteux des expressions, que la chimère à enchaîner était la sainteté même.

§ 158. — Par ces chemins d’incertitude, par ces étapes d’inquiétude et par ces relais douteux nous sommes arrivés enfin ; enfin nous gravissons ; enfin nous parvenons à ce faîte de bassesse, à cette proposition si scandaleusement extraordinaire que l’on se demande comment cet homme a pu l’écrire. « — Je l’imaginais, dit-il de Jeanne d’Arc enfant, je l’imaginais plus naïve. Comment, sans cela, en eût-elle cru ses voix ?

§ 159. — Si on ne voyait pas, si on ne trouvait pas cette proposition imprimée tout de son long dans la Revue hebdomadaire, on n’y croirait pas, on se demande comment elle a pu passer par la tête de son auteur. Elle est si extraordinaire qu’elle en est toute saisissante, proprement toute suffocante, et que tout de suite on voit bien qu’on n’a rien à y dire. Et qu’on n’aura jamais rien à y dire. Quand Jeanne d’Arc entend et voit ses voix, quand une sainte reçoit sa vocation par le ministère d’autres saintes, M. Laudet en conclut qu’elle était naïve. — Je l’imaginais plus naïve. Comment, sans cela, en eût-elle cru ses voix ?

§ 160. — Cette proposition est si effarante qu’elle