Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/92

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

paroles véreuses, tant de paroles creuses, tant de cogitations intellectuelles et vaines, cogitationes inanes, tant de tristes annonciateurs. « Négliger l’histoire et lui préférer la légende, pour nous restituer plus sûrement la vraie Jeanne d’Arc !… » — … « d’inquiétude, parce qu’un poète était devant moi qui tentait d’enchaîner la chimère… »

§ 165. — Triste cortège, tristes appariteurs. — « L’accusée, la controversée, la discutée, c’est précisément toute Jeanne d’Arc, au moins toute celle qu’il nous est permis de connaître, parce que c’est toute la missionnaire et toute la martyre ; et Jeanne ne nous appartient que missionnaire et martyre, de même que le Christ ne nous appartient qu’après le jour où il lui plut, — (où il lui plut, quelle dévotion, monsieur l’intellectuel, quelle soumission aux volontés du Christ), — où il lui plut de sortir de ses longues années d’ombre épaisse. — (ceci c’est bien encore une délicatesse d’intellectuel, de ne pas saisir la vie privée. Monsieur l’intellectuel est trop discret, que de saisir une vie privée). — Le reste, — (peste, monsieur l’intellectuel, quelle galanterie dans l’expression ; alors tout ce que nous avons dit, tout ce que nous avons vainement essayé de nombrer, c’est le reste ; voyons ce qu’il advient de ce reste.) — Le reste, surtout quand ce reste consiste — (nous savons à présent, au moins en partie, monsieur Laudet, un peu en quoi ce reste consiste) — surtout quand ce reste consiste à vouloir expliquer la sainteté, — (monsieur Laudet tantôt vous nous arguez d’expliquer, et tantôt vous nous arguez d’« inexplicable prédestinée »), — à vouloir expliquer la sainteté, la représen-