Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/96

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donne comme « bien pensante », qui essaie de se faire une clientèle dans le monde catholique. Là est la tentative de détournement des consciences fidèles que nous ne cesserons point de dénoncer.

§ 172. — Rien n’est aussi dangereux pour notre foi que cet athéisme déguisé. Tout n’est point perdu, il s’en faut, avec un athéisme révolutionnaire. Des charités malentendues, des flambées de charité peuvent y brûler détournées, qui quelque jour seront reconduites. Mais il n’y a rien à faire avec un athéisme réactionnaire, avec un athéisme bourgeois. Il n’y a rien à attendre, il ne faut rien espérer d’un athéisme réactionnaire, d’un athéisme bourgeois. C’est un athéisme sans étincelle, qui ne s’allumera, qui ne flambera jamais. C’est un athéisme sans charité, et même sans imitation ni contrefaçon de charité. C’est donc un athéisme sans espérance. L’espérance ne peut jouer que dans un certain minimum de charité. L’espérance, la lueur d’espérance ne peut s’allumer que d’un certain feu. De l’athéisme réactionnaire, de l’athéisme bourgeois on ne peut rien attendre, que cendre et que poussière, parce que tout n’y est que mort et que cendre.

C’est un athéisme sans espoir.

§ 173. — Honte à celui qui a honte. Il ne faut pas seulement considérer, dans un athéisme, de combien la foi manque, mais d’où vient qu’elle manque. C’est-à-dire il ne faut pas considérer seulement, il ne faut pas compter seulement, il ne faut pas mesurer seulement en extension, en géographie quelle est la surface de la commune foi, de la commune créance qu’un cœur pour