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Préface

blement délicieuse ; mais c’est surtout comme critique d’art qu’il s’était dernièrement révélé. Il avait passé deux ans en Italie et il s’y était fait une éducation esthétique très forte, dont il a donné la mesure dans l'Artiste de l’an dernier. Il y écrivit un Salon de la compétence la plus profonde. Les qualités de ce Salon, scandaleusement belles et qui firent scandale, comme le fait toujours ce qui est beau dans ce monde de platitudes et de vulgarités où nous avons le bonheur de vivre, annonçaient un écrivain et un penseur très indépendant et très élevé ; mais on ne se doutait pas qu’elles cachaient un audacieux romancier, qui, probablement et dans l’ordre du Roman, va faire un scandale plus grand encore que dans l’ordre de la Critique.

Il y a, en effet, une triple raison pour que le scandale soit la destinée des livres de M. Joséphin Péladan. L’auteur du Vice suprême a en lui les trois choses les plus haïes du temps présent. Il a l’aristocratie, le catholicisme et l’originalité. En peignant la décadence de la race latine avec ce pinceau sombrement éclatant et cruellement impartial qui est le sien, M. Péladan a pris la société par en haut, parce que c’est par là, — par la cime, — qu’elle meurt ; parce que toutes les décadences commencent par la tête des nations et que les peuples, fussent-ils composés de tous les Spartacus révoltés, ne sont jamais, même après leur triomphe, que des esclaves. Les dé-