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Préface

mocrates qui vont lire le livre de M. Péladan ne lui pardonneront pas d’avoir choisi pour héroïne de son roman une princesse d’Este et d’avoir groupé toute la haute société de France et d’Italie autour de cette femme qui a tous les vices de sa race et qui, de plus, en a l’orgueil. Depuis que les goujats veulent devenir les maître du monde, ils veulent être aussi les maîtres des livres qu’on écrit et y tenir la première place. Ils veulent des flatteurs d’Assommoir… et ils ne comprendront jamais que l’intérêt d’un roman, fût-ce le Vice suprême, puisse s’attacher à des races faites pour commander, comme eux sont faits pour obéir.

D’un autre côté, le catholicisme de M. Péladan, du haut duquel il juge la société qu’il peint, et qui lui fait écrire à toute page de son livre, avec la rigueur de l’algèbre, — que la race latine ne peut être que catholique ou n’être plus, — ce catholicisme est depuis longtemps vaincu par l’impiété contemporaine qui le méprise et qui s’en moque. Enfin, plus que tout pour le naufrage de son roman, il a l’originalité du talent dans un monde qui en a l’horreur parce qu’elle blesse au plus profond de leur bassesse égalitaire tous les esprits qui ne l’ont pas.

Telles les raisons qui peuvent empêcher le succès immédiat du livre de M. Péladan, mais que lui importe ! C’est un de ces artistes qui doivent