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Préface

beaucoup plus se préoccuper de la sincérité de leur œuvre que de leur destinée… Or la sincérité de l’observation est ici, comme la force de la peinture. Le roman de M. Joséphin Péladan qui a pour visée d’être l’histoire des mœurs du temps, idéalisées dans leurs vices, n’en est pas moins de l’histoire, et l’idéal n’en cache par la réalité. Le reproche qu’on pourrait faire au livre du Vice suprême, c’est son titre… Titre trop abstrait, mystérieux et luisant d’une fausse lueur. Il n’y a point de vice suprême. Il y a tous les vices qui, depuis le commencement du monde, pourrissent les nations, et avant même qu’elles aient disparu dans la mort, dansent la danse macabre de leur agonie… Ils sont tous « suprêmes » dans le sens de définitifs comme la dernière goutte d’une coupe pleine, qui va la faire déborder, mais il n’y en a pas un nouvellement découvert qui soit le souverain des autres et qui mérite ce nom de suprême, dans le sens d’une diabolique supériorité… Le cercle des Sept Péchés Capitaux tient l’âme de l’homme tout entière dans sa terrible emprise et Dieu même peut défier sa faible créature révoltée de fausser ce cercle infrangible par un péché de plus !