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Préface

sans rien lui ôter de ses fascinations, de ses ensorcellements, de ses envoûtements, de tout ce qui fait sa toute-puissance sur l’âme humaine, et il en fait comprendre le charme infernal avec la même passion d’artiste intense que si ce charme était céleste !

Mais le moraliste invincible et chrétien, est là toujours derrière le peintre et c’est lui qui éclaire le tableau… Puisque M. Joséphin Péladan avait voulu peindre une décadence, il devait être hardi avec les détails comme avec le sujet de son livre, et s’il eût reculé devant aucun d’eux, il eût affaibli la conception de son roman. Dans le flot de personnages qui y passent sous nos yeux, on ne trouve pas même les trois justes qu’il fallait pour sauver Sodome. On n’y compte qu’une seule innocence et une seule vertu, l’innocence d’une vierge violée, et vertu d’un prêtre qui résiste à de démoniaques tentations. Tout le reste de ce monde, en chute, n’est que corrompus et corrupteurs, dépravés et pervers, mais sans les mesquineries de l’indécence. Ils sont par trop au-dessus d’elle ! Si un vice suprême, en tant que nouveau et spécial à la civilisation qui nous tue, était impossible, si l’auteur du livre été obligé de se rabattre sur les vieux vices connus, de tous, du moins, il a choisi celui qui communique aux principales figures de son œuvre cette contestable, mais affreuse grandeur qui reste à