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Préface

l’âme de l’homme, quand elle ose encore garder son orgueil, après avoir perdu sa fierté !

L’une de ces principales figures ou pour mieux parler la figure centrale de la fresque de M. Joséphin Péladan est comme je l’ai dit déjà une princesse d’Este, Malatesta par mariage, dont la beauté rappelle les plus beaux types de la Renaissance et le sang bleu roule le germe de tous les vices de cette époque funeste qui fut le Paganisme ressuscité. La princesse Léonora est, comme dit superbement Saint-Bonnet, toute l’addition de sa race et cette addition fait une colonne de hauteur à dépasser le cadre étroit du xixe siècle et à le faire voler en éclats comme un plafond qu’on crève… Parmi les plus grandioses vicieux qui entourent la princesse, aucun ne l’égale. Douée de toutes les puissances corruptrices de la vie, la beauté, le génie, l’esprit, la richesse et la science, une éducation fée mais perverse a développé en elle le monstre futur, mais c’est elle qui l’a elle-même accompli. La brutalité d’un mari bestial lui avait donné, dès la première nuit de son mariage, le dégoût des voluptés charnelles, et d’une Messaline ou d’une Théodora qu’elle aurait pu être, elle se fit un autre genre de monstre… Elle fut le monstre métaphysique. L’orgueil et la volonté domptèrent ses sens et elle fut chaste. Chasteté homicide ! Don Juan femelle plus fort que Don Juan le mâle, qui avait