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le vice suprême


v

le confesseur

Les jours suivants, Bianca voulut induire son amie au péché que cette nuit leur avait révélé. Léonora supporta patiemment ses obsessions, comme l’exercice utile, et le commencement d’un effort qu’il faudrait bientôt très grand ; et déjà à résister, elle éprouvait un plaisir d’orgueil.

– « Ce que je laisse ici, » dit-elle en quittant Pratolino, « la vieillesse seule me le rendra. »

Dès lors, dans le silence et l’ombre des nuits, enfiévrée de songeries pubères, elle accouda son désir diffus à la fenêtre de la place.

À des questions qui ne portaient que sur les choses de l’amour ; à ses lectures qui n’étaient que de romans passionnés et de voluptueuses poésies ; à ses absences d’esprit sans cesse traversé par des visions qui l’ôtaient de la leçon ou du discours ; à l’irritabilité de son humeur, chaque heure changeante ; aux marques d’une sensibilité qui n’était pas de nature, Sarkis reconnut qu’en elle, avait lieu ce poétique drame de la puberté qui se dénoue, soit dans le triomphe douloureux d’une continence maintenue, soit dans la déchéance d’une bestialité acceptée : ce qui l’emporte à cet instant troublé, l’emportera dans l’avenir passionnel.

Le souvenir ineffablement pur de sa première communion lui revint au milieu de cette crise, où dans la dualité de l’être incapable d’équilibre, une prédomi-