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le vice suprême

– « Faites atteler, » dit-elle à Sarkis, Celui-ci fut obligé de la porter dans la calèche où il prit place en face d’elle, Julioti avec le stigmate du coup de cravache qui lui balafrait le visage, attendait les ordres de Son Altesse : « Au Poggio impériale, » dit Leonora.


vii

au pensionnat

La vieille comtesse Oliva, directrice de ces Oiseaux de Florence, accueillit Leonora avec les serviles chatteries de l’obséquiosité italienne :

– « Vous serez ici traitée en princesse d’Este. »

– « J’y compte… » répondit Leonora avec tranquillité.

Lorsque après une semaine d’alitement, elle descendit en récréation, sa démarche fière, alanguie de sa foulure à peine guérie ; cette jalousie des femmes qui présage à celle qui l’excite l’admiration et le culte des hommes, la salua. Mais le regard direct de ses yeux pers et les méplats de son haut front portaient écrits si lisible l’esprit de révolte, que, rivales, les pensionnaires pardonnèrent à sa victorieuse beauté, en faveur de l’indiscipline qu’elle apportait dans le froufrou de sa robe. Dès l’instant où elle se mêla aux élèves, un vent de désobéissance souffla dans les classes tout à coup bourdonnantes, éteignit les veilleuses des dortoirs, fit battre plus bruyants les couvercles des pupitres, et, enfin, pencher sur l’oreille toutes les cornettes.