Page:Pellerin - Le Bouquet inutile, 1923.djvu/10

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Danse une danse de femme,
Il est ivre de l’oubli
De la paresse et du lit,
Ivre de ses mains chargées,
De ses paupières dorées,
Ivre d’un royal oubli…
Il s’étend et se déploie
Tout le long de notre joie,
Tout le long de notre nuit…


Le Feu, que dirigeait alors Émile Sicard ; lOliphant, publié par Tristan Derème ; Isis ; la Phalange ; la Rénovation esthétique ; Scheherazade ; le Divan furent les premières revues qui imprimèrent Jean Pellerin et son talent y rencontra, dès le début, les encouragements qu’il méritait.

Toutefois, Jean Pellerin ne quitta pas, après son service militaire, la province pour Paris. Il retourna près de Grenoble, à Pontcharra, où il avait longtemps vécu et où son père dirigeait une fabrique de papiers. Je connaissais Pontcharra. J’y étais allé quelquefois le dimanche, avec Jean et j’y avais été témoin de l’affection qui l’unissait à sa famille. — Vertes campagnes du Dauphiné, chemins bordés de clairs feuillages, ruines presque effacées du château de Bayard, c’est à vous que je pense quand je relis telle ou telle page du précieux manuscrit de poèmes que laisse Jean Pellerin en témoignage de la raison profonde qu’il eût de vivre ! Je n’ai qu’à fermer un instant les yeux pour disputer à je ne sais quelle ombre affreuse, des jours si doux et si paisibles. Comme si cette ombre y pouvait quelque chose

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