Page:Pellerin - Le Bouquet inutile, 1923.djvu/14

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elle ignorait tout, soit en réputation chez les libraires. Déjà, par la Romance du Retour, Jean Pellerin avait conquis plus que l’attention des lettrés. On le citait. On admirait qu’il eût si librement tracé, dans une forme plastique et tout en raccourcis, sa route à la poésie même et à ses pires caprices. Par là, pourtant, chemin hardi, fil invisible tendu d’un sommet au suivant, Toulet était passé, et Moréas. Doit-on ne pas le dire ? Jean Pellerin ne s’en défendait pas. Après les Stances, après les Contrerimes, il n’a pas fait que reprendre leur manière. Cette manière ne date pas d’aujourd’hui. Elle est dans notre tradition, la plus française, chez un Sigognes parfois, toujours chez un Maynard et, de nos jours, chez ces poètes dont Pellerin faisait partie et qu’on appelle « les fantaisistes ».



Qu’était-ce donc alors que ces poètes ? Que cherchaient-ils ? Quels desseins saugrenus formaient-ils au moment dont je parle et quelle fantasque humeur les animait ? Je ne sais trop. On lisait cependant, dans de petites revues, leurs petits vers et on s’habituait à ne pas pousser avec eux de grands cris. L’amitié plus que l’amour, inspirait ces poètes. Dans leurs strophes, les noms de Pellerin, de Jean-Marc, de Vérane, de Derème combinaient, à la rime, une espèce de complicité ou de discrète entente. Puis tous ces noms, tant de fois répétés, devinrent en quelque sorte inséparables les uns des autres… L’école

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