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lement d’insinuer quoi que ce soit qui puisse affliger, effleurer même votre amour-propre ; mais savez-vous bien que chaque matin, à votre réveil, vous avez le droit de vous dire, en vous regardant à votre glace : C’est pourtant moi qui tiens la main sur la bouche de la France, et qui lui mesure la parole !

Descartes aurait refusé ce poste ; vous l’avez accepté, je crois bien, par dévouement à M. de Persigny, pour le décharger de l’embarras de choisir un autre directeur. Cependant, Monsieur, permettez-moi de vous faire une demande. Pour peu que vous la trouviez indiscrète, vous pourrez la jeter au panier.

Vous êtes-vous jamais posé cette question : Qu’est-ce que la pensée ? qu’est-ce que l’écrivain ?


II


Comme je ne suppose pas que vous ayez l’intention d’entrer en correspondance avec le signataire de cette brochure, je réclame la permission de faire moi-même la réponse.

Lorsque Dieu créa l’homme, il le créa esprit et corps : corps, pour donner à la matière une marque d’estime ; esprit, pour trouver sur la terre à qui parler. Au premier moment, toutefois, il ne fit l’homme qu’à moitié ; car l’homme tel qu’il était à l’origine, dans la nature telle qu’elle était, n’aurait pu fournir sa carrière. Mais en donnant l’esprit à cet être inachevé, Dieu lui avait