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toujours en face du mur dont l’aspect les préparait à la mort, car peu de temps après, les principaux coupables d’entre eux étaient fusillés.

» On les menait à quelques pas de là, sur l’autre versant de la butte, où se trouvait, pendant le siège, une batterie dominant la route de Saint-Denis. »

Je ne sais pas d’exemple qui montre mieux ce que devient l’homme civilisé dans le vertige de la guerre civile. Ne dirait-on pas un acte commis au temps barbare du premier moyen âge, au temps où le vainqueur bâtait son ennemi prisonnier, et, avant de le tuer, le chevauchait comme une monture ?

C’est ainsi qu’à deux reprises, le même printemps, à la même place, des Français du dix-neuvième siècle ont agi en sauvages. Que ceux qui croient qu’il peut rester des guerres civiles autre chose qu’une impérieuse et terrible nécessité d’apaiser, par l’effacement, les souvenirs hideux de ces époques de folie et de sang, que ceux-là songent au jardin de la rue des Rosiers !


XI

LES INCENDIES

Je suis arrivé au terme de la première période de la répression : celle qui embrasse les deux premiers jours de l’entrée des troupes (du dimanche 21 au mardi 23 mai).

Mes récits ont surpris un certain nombre de personnes. Beaucoup de gens ignoraient ou avaient oublié comment Paris a été traité. Un journal conservateur m’a même reproché de conter des « légendes » nées dans les colères de l’exil ou de la déportation. On ne peut