Page:Pelletan - Le Monde marche.djvu/100

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son corps, mais à mesure qu’il monte en grade, c’est-à-dire en civilisation, il repousse à une plus grande distance cette dépense somptuaire et il la reporte sur son habitation, qui est en quelque sorte une extension de l’habit.

Enfin lorsqu’il a épuisé là tout le développement d’art dans un siècle donné, lorsqu’il a converti en meubles et en décors tous les nouveaux besoins, tous les nouveaux sentiments dont il a fait l’acquisition, alors sa vie intérieure toujours plus abondante, toujours plus bouillonnante, aux émissions et aux ambitions toujours plus expansives, toujours plus larges, déborde des murailles et rayonne à travers champs, en parcs et en jardins, en serres et en parterres.

Mais la maison représente quelque chose de plus que la pierre étagée sur la pierre et liée par le ciment. Elle a aussi sa vie, son âme, et cette vie, cette âme, c’est la lueur vive du feu qui joue avec l’ombre et frémit au plafond.

Et qu’est-ce que le feu dans l’humanité ? Le signe et le gage de sa domination sur la nature, l’homme règne à l’aide du feu, et porté sur le feu il avance triomphalement dans la civilisation. Que la fille la plus pure garde sous peine de vie le tison allumé sur l’autel de Vesta. Car si par hasard l’étincelle sacrée venait à mourir sous la cendre, l’homme retomberait dans la barbarie, à égale distance de la brute et d’Adam.

Prométhée a trouvé le secret d’allumer sa torche, et la