temps, elle a répandu dans la société l’esprit d’industrialisme, c’est-à-dire l’esprit de haine, à toute idée de générosité, de réforme, de liberté, de démocratie ?
Depuis le dernier coup de canon de l’empire, nous le confessons volontiers, ajoutent-ils, le monde fabrique plus de coton, distille plus d’alcool, raffine plus de sucre, met davantage la matière en œuvre, voyage plus rapidement, vit mieux, boit mieux, mange mieux, comprend mieux l’élégance, mieux le bonheur, si on peut appeler bonheur la chasse, le bal, l’opéra, le bain à l’étranger, le luxe sous toutes les formes, luxe de fleurs, luxe de fruits, luxe de vins, luxe de toilettes, luxe de villas, luxe de meubles, luxe de tableaux, luxe d’équipages, luxe de livrées, luxe d’armoiries.
Mais gardons-nous de conclure du progrès en industrie au progrès en politique, car, loin de venir en aide l’un à l’autre, ils ont au contraire entre eux une incompatibilité de nature ; l’un vit d’idées, l’autre vit de jouissances. Or, pour jouir convenablement, l’industrialisme conseille de mettre de côté toute préoccupation d’esprit. Laisser aller le monde comme il veut, selon la sagesse du moine, parler toujours avec respect du prieur régnant, dormir en paix sur l’oreiller de l’insouciance, et tirer à soi le plus possible la couverture, chacun pour soi, chacun chez soi, et après soi la fin du monde, voilà toute la morale d’une société livrée corps et âme au démon de l’industrie. Dans une pareille société, l’écu suffit et le gendarme pour garder l’écu, et, plus le gendarme inter-