sion d’elle-même, saisit, en vertu, de son droit divin, le gouvernement de notre existence et apporte à l’humanité un nouvel ordre de vie : la vérité, et d’action : la vertu. Le sage dresse, dans l’intimité de son être, l’autel de la conscience pour y adorer nuit et jour le dieu du bien et y consumer le mal au feu sacré du remords. Il puise une telle joie, une telle sérénité à cette royauté de l’âme, qu’il lui sacrifie sans regret toute joie du corps et jusqu’au corps lui-même, pour peu que la dureté du temps le mette au choix ou au défi. Socrate meurt le sourire sur la lèvre pour sa conviction. Il n’y aurait eu dans le monde que Socrate, et, après lui, Marc-Aurèle, que l’élément divin de l’humanité serait vengé du scepticisme, et que le progrès serait prouvé ; car de tous les anachronismes, le plus à contre-temps, à coup sûr, serait de supposer l’âme de Platon ou l’âme d’Épictète errante, au milieu des orgies, sur l’herbe, et dans la fumée des vins de l’Iliade ou de l’Odyssée.
La philosophie toutefois, par cela seul qu’elle parlait à la raison et impliquait la nécessité d’une éducation préalable, faisait de la sagesse la communion réservée d’une élite de la société. La coupe d’ambroisie ne circulait que sur la montagne dans une sorte d’Olympe de l’esprit. La foule ignorait, et, par son ignorance, continuait de vivre, comme par le passé, dans la région inférieure de la matière. Mais la philosophie, d’abord purement rationnelle, prit avec le temps, dans un coin perdu de l’Asie, la forme d’une légende, et, revêtue de