Page:Pelletan - Le Monde marche.djvu/176

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la puissance contagieuse du merveilleux, pénétra dans le peuple par l’imagination. Le miracle suppléa au raisonnement ; l’apôtre remplaça le philosophe, l’Évangile conquit l’univers et la vertu porta le nom de sainteté. Qu’est-ce que l’Évangile ? c’est Dieu présent à chaque minute dans notre conscience. Qu’est-ce que la sainteté ? c’est la vertu en Dieu. Le christianisme fit de tout homme né de la femme l’ouvrier de sa propre grandeur, et, en cas de défaillance, de sa propre réhabilitation. Le repentir suffisait pour effacer le péché et donner à l’homme un nouveau point de départ. La législation antique, encore entachée de matérialisme, frappait l’homme dans sa chair par le supplice. La religion nouvelle, au contraire, doctrine de résurrection dès cette vie, avait compris que l’âme était la source de toute action, et que l’âme purifiée par le remords, l’homme renaissait véritablement à l’innocence.

Chacun de nous, institué son juge intérieur, eut charge d’accomplir la loi en lui-même, par lui-même, et cette loi tenait en un seul mot : la charité ; aime ton semblable. La charité ! passion nouvelle dans le monde, plus forte que toutes les forces de la matière, puisqu’elle a brisé les maîtres et vaincu les bourreaux. Or, par pitié, je vous en conjure, si vous croyez toujours que le temps en coulant n’a déposé en l’âme humaine aucune puissance de sanctification, ne passez plus désormais à côté de certaines ruines, car vous verriez surgir de la poussière des cirques les spectres attristés