neste, l’utopie de la perfectibilité continue et indéfinie de l’homme sur la terre, utopie dont le dernier résultat logique, en marchant de conséquence en conséquence, serait celui-ci : ce n’est pas Dieu qui a créé l’homme, mais ce pourrait bien être l’homme qui aurait créé Dieu ; car où s’arrêterait cette ascension indéfinie et continue de l’homme, si ce n’est au delà même de la divinité ? »
Nous avons horreur des querelles de mots renouvelées de la scolastique ; cependant quand vous n’attachez pas aux mêmes termes les mêmes sens que les disciples de la perfectibilité, nous devons bien remonter aux définitions, sous peine de jeter les uns et les autres nos paroles au vent sans jamais pouvoir nous entendre. Or, qu’est-ce que l’indéfini ? À votre avis, c’est quelque chose de plus que l’infini, puisqu’à la longue il arriverait à le dépasser. Vous dites Dieu, et je dis l’infini ; mais Dieu et l’infini, c’est tout un probablement dans votre vocabulaire aussi bien que dans ma pensée. Voyons si la philosophie vous donne raison. L’indéfini est-il vraiment, comme vous le croyez, une espèce d’ange révolté qui escaladera le ciel un jour et dira à Dieu : Ôte-toi de là !
La philosophie a toujours distingué, dans la science de l’être, deux ordres d’idées, l’idée d’infini et l’idée de fini.
L’infini, Leibnitz vous le dira aussi bien qu’Aristote, c’est le tout, l’un, l’immuable, l’éternel, l’incommensurable, l’absolu ; aucune mesure ne peut l’atteindre, au-