Page:Pelletan - Le Monde marche.djvu/38

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dit le mieux, parce que le mieux est l’irrésistible cri de notre nature, et par la contagion de sa croyance il a aidé à réaliser ce mieux dans une certaine proportion. Quand même, plus tard, je ne sais quel Saturne aveugle viendrait briser l’outil dans l’œuvre et semer l’œuvre au vent, celui-là, quel qu’il soit, aura toujours bien vécu. Respect à sa mémoire !

Le progrès n’en est pas moins un rêve, dites-vous. Appelez, rêve le progrès ; je passe condamnation. Ce monde-ci est-il donc si charmant, que nous ne puissions, sous peine d’ironie, en supposer un meilleur, ne fût-ce que pour la justification de la Providence ? Mais si ce rêve influe en bien sur le sort de l’humanité, vous devez y regarder à deux fois avant de le livrer à la risée du parterre. Voyez, cependant. Il y a, au moment où je parle, des hommes qui affirment et des hommes qui nient le progrès. Quelle est, je vous le demande, sur les uns et les autres, l’influence de leurs doctrines ?

Les ennemis du progrès, écoutez-les parler, et ils parlent assez haut, Dieu merci, depuis cette saute de vent appelée réaction. Ne sont-ils pas, à en juger par leurs homélies, les Pharisiens du temps, toujours disposés à faire la nuit sur l’humanité, à regarder la science comme une hérésie, à maudire toute découverte, à répondre non à chaque vérité, à traîner éternellement Galilée par les cheveux, à mettre le bâillon à la pensée, à poser le droit sur la lame d’un sabre, à donner le bras au bourreau, à ramener le peuple à l’esclavage, à res-