Page:Pelletan - Le Monde marche.djvu/69

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tuellement et irrévocablement de la même façon, d’une génération à l’autre, dans un équilibre parfait de moyen et de destinée.

Mais en introduisant l’homme sur la terre, au dernier quart d’heure, pour fermer la longue série des êtres de la création, la nature semble l’avoir traité avec une sorte de préférence à la fois et de sévérité. Elle lui a redressé le corps sans doute, et lui a permis ainsi de porter la tête haute et de dominer le monde du regard. C’est bien. Mais la gloire de son attitude n’est en définitive qu’une prise de plus qu’il donne contre lui à la loi de gravitation et qu’une occasion de tomber avec plus de lourdeur.

La majesté de sa taille le met continuellement en vue de l’ennemi, et que peut-il faire pour échapper, je ne dis pas au tigre ou à la panthère, mais simplement au loup ou à l’hyène ?

Lutter, mais il n’a ni croc ni griffe pour soutenir le combat, et, d’ailleurs, il présente toujours la partie la plus vulnérable du corps, le flanc ou la gorge, au choc de l’agresseur. Chaque coup contre lui porte la mort avec la blessure.

Fuir ? Mais sa destinée lui a refusé la force du faible, c’est-à-dire la vitesse, et par l’élévation de sa jambe et par sa difficulté d’équilibre, il ne peut courir librement que sur un terrain uni, sur un chemin. Autrement, pierre, buisson, fourré, fondrière, tout devient pour lui achoppement, obstacle, rempart ou abîme. Par lui-même