Page:Pelletan - Le Monde marche.djvu/71

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cela peut-il servira ? À marcher ? non à ouvrir la veine de la victime ? encore moins. Partout ailleurs, chaque membre a sa fonction. Ici, au contraire, membre inutile, fonction inconnue. En vérité, la nature a joué au parodoxe en créant l’homme. Peut-il vivre ? va-t-il disparaître ? À ne voir que le corps, la question n’est pas douteuse. C’est un être manqué. Il doit mourir.

Attendez, cependant. Il a porté le doigt à son front, et d’un geste il a révélé sa destinée. Il réfléchit, et tout est dit, et le mystère est expliqué, et l’homme est sacré roi de la création. La Providence avait pensé extérieurement à l’animal pour l’animal, et sa pensée était restée sur lui à l’état de lettre morte dans son organisme.

Maintenant elle va penser intérieurement à l’homme, et lui apporter jour par jour le nouvel organe nécessaire au renouvellement incessant de sa destinée. Elle lui repasse en quelque sorte le don de la création, et lui remet son œuvre à continuer, ou plutôt elle crée de compte à demi avec lui un autre monde à la fois divin et humain, le monde de la civilisation.

Et pour cette magnifique collaboration, elle lui a donné deux choses : l’intelligence, sa propre intelligence en partage, et ensuite la main, organe réservé, organe intellectuel, prémédité, combiné, avec une délicatesse infinie et une merveilleuse souplesse de tact et de mouvement, pour un service à part, le service du travail.

Or, qu’est-ce que le travail ? c’est le mouvement