Page:Pelletan - Le Monde marche.djvu/72

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dirigé par la pensée et supérieur au mouvement de toute la part de la pensée. L’animal va et passe, voilà tout, et le vent efface sa trace sur la poussière. Il ne peut arracher à son instinct un seul mouvement de plus, ni le fixer sur la terre pour l’amélioration de son espèce.

L’homme va aussi, il passe aussi ; mais il ne passe pas tout entier comme l’animal. Il laisse après lui une somme de mouvement incorporée dans son œuvre et survivant dans son œuvre après sa disparition. Il a puissance de travail pour le compte de sa postérité.

Quelqu’un a nommé le travail un châtiment ! Mais le travail est mouvement et pensée. Où donc serait la punition ?

Dans le mouvement ? Quoi ! parce que le serpent rampe et que le faucon vole, le faucon subirait une décadence de plus que le serpent !

Dans la pensée ? Ah ! bénissons alors l’instrument de notre supplice ; car notre punition constitue précisément notre grandeur, — que dis-je ? notre part de divinité. — Le mot est lâché, je ne le retire pas.

L’homme pense ; donc il règne sur la terre au même titre que Dieu dans l’immensité.

Vienne maintenant la tempête que le vent souffle, que la pluie fouette, que la neige tourbillonne, que la mer gronde, que la terre hérisse son sein de ronces et d’épines, que le lion rugisse et fasse sa ronde dans le désert, l’homme a réponse à toutes les insultes et à