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l’homme reste ; son nom est Adam, terre, c’est à dire infirmité.

Au fond, tous ces reproches, de part et d’autre, ne signifient que la différence de nos doctrines. Du moment, en effet, que nous plaçons l’Éden aux deux pôles opposés du temps, vous dans le passé, nous dans l’avenir, nous devons, par l’irrésistible entraînement de la logique, exalter l’homme, vous en arrière, nous en avant.

Pourquoi dès lors nous opposer nos thèses respectives pour nous convaincre réciproquement d’erreur ? Nous pourrions nous les opposer indéfiniment les uns aux autres, sans avancer d’un pas la question. Donnons nos motifs si nous voulons la résoudre. Or, quels sont les vôtres pour mettre le dernier mot de l’homme au commencement de la Genèse ?

« Rêver pour rêver, dites-vous, nous aimerions mieux rêver avec les Brahmanes, ces précurseurs de la philosophie chrétienne… »

Ah ! ici, mon illustre maître, je vous prends sur le fait, et je coupe la phrase en deux, pour vous signaler l’irrésistible domination de la vérité sur notre esprit, lors même que nous essayons de la nier. Vous appelez les Brahmanes précurseurs de l’Évangile. L’Évangile constitue donc un progrès sur le brahmanisme ? Reprenons.

« Rêver pour rêver, disiez-vous, nous aimerions mieux rêver avec les Brahmanes, ces précurseurs de