Aller au contenu

Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/172

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
164
mon voyage aventureux

monastère où est la colonie. C’est une construction sans caractère, sauf la chapelle, qui est byzantine. À notre entrée des enfants, filles et garçons, accourent et un jeune pensionnaire, avisé entre tous, s’écrie : « Voilà les femmes de Lénine ! » Fichtre !

Mais les nonnes viennent à nous ; elles sont vêtues de noir et leur costume rappelle plutôt la paysanne que la religieuse : nous descendons de voiture.

Le monastère a gardé en partie son ancienne affectation. On a renvoyé la supérieure et conservé les sœurs ; la colonie d’enfants a été jointe au couvent en une manière de symbiose.

On nous fait entrer dans une pièce qui servait autrefois de salon à la Mère supérieure. L’ameublement est fort simple : buffet en bois jaune, canapé et fauteuils recouverts d’étoffe. Cela ressemble à un salon petit bourgeois ; mais les murs blanchis à la chaux donnent une note très pauvre.

On a prévenu le directeur, il vient nous recevoir. C’est un homme encore jeune ; il est vêtu d’un paletot de toile et chaussé de hautes bottes, le tout maculé de boue ; il revient des champs. En dépit du costume, cet homme n’a rien de paysan, il ressemble à un ingénieur agronome, l’expression de son visage est très intelligente.

Il y a, nous dit-il. dans la colonie, deux cent soixante enfants. Tout d’abord l’établissement