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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/179

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en russie communiste

digérer sans remords ce pain du privilège et de l’injustice.

Jolie figure cette jeune doctoresse ; il y en a des mille comme elle, je l’ai dit, en Russie ; dévouement, honnêteté poussée jusqu’à la minutie puérile. Je pense par antithèse aux milliers d’hommes sans scrupules qui, dans les hauts emplois, s’enrichissent aux dépens de la pauvre Russie et je me dis que le sacrifice des premiers est bien inutile.

Je grelotte le jour dans mes vêtements d’été et la nuit sous mon unique couverture ; on m’a ri au nez lorsque j’ai demandé à l’hôtel une couverture supplémentaire. Mais la jeune doctoresse a pitié de moi et elle m’apporte son plaid. Elle est venue plusieurs fois pour me tenir compagnie ; mais… le garde-rouge qui veille… lui a refusé la porte parce qu’elle n’avait pas de « propuska ». N’entre pas qui veut à l’ « Hôtel Luxe » : il faut un laisser-passer et c’est toute une histoire pour l’obtenir de la bureaucratie.

Ces « propuska », ils me rendront contre-révolutionnaire. Autrefois, lorsque je lisais Dumas père, je me disais que ces gens de la Grande Révolution devaient être bien heureux d’avoir une carte de civisme et de la montrer à toute réquisition. La réalité est bien différente ; les « propuska » sont une invention détestable.

La maison des Enfants trouvés a été fondée par Catherine la Grande. Les bolcheviks l’ont amé-