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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/41

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en russie communiste

Enfin après trois quarts d’heure, un jeune homme un grand portefeuille sous le bras, s’avance vers lui. Il lui remet des papiers et notre guide en échange signe une feuille sur son genou. Vite on nous emballe dans un taxi et nous filons à la gare.

Malgré toute la diligence du chauffeur le train est manqué, « Gehen Sie sehlafen ! » Allez vous coucher, me dit le lieutenant et il nous tourne le dos.

Encore un jour à passer à Berlin. Je connais, sur les bords de la Sprée un restaurant où il y a de la musique : j’y conduis mes deux nouveaux camarades.

Nous nous installons à la terrasse. La vue n’a rien d’enchanteur, le fleuve étroit, les quais sont noirs de fumée ; avec le métro qui passe tout près sur le pont. « Ce n’est pas beau ! » s’exclame en français l’ex-dictateur. Cette remarque désobligeante nous vaut les regards courroucés du dîneur de la table voisine. Il restera à nous écouter tout le temps de notre repas ; je ne suis pas rassurée du tout.

Enfin, le lendemain, nous partons pour de bon : nous voilà installés tous les quatre dans un compartiment de troisième. Où allons-nous ? Le lieutenant a négligé de nous le dire et cette façon cavalière d’en user avec nous a le don d’agacer l’ex-dictateur. Comme je suis la seule à savoir un