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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/42

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mon voyage aventureux

peu d’allemand, il me tarabuste pour que je pose des questions à notre guide. Je n’ose pas. Je connais les façons mystérieuses de la conspiration et, d’ailleurs, on m’a déjà tait la leçon à Berlin : « Jamais de questions ! »

Au reste, je ne suis pas le moins du monde inquiète. Où on va ? Nous le verrons bien ; nous ne voyageons pas dans un sac. Pourquoi nous voudrait-on du mal, puisqu’on nous paie le voyage ? Si on n’avait pas eu confiance en nous, on ne nous aurait pas reçus à Berlin.

Nous roulons vers le nord. Au soir le « lieutenant » tire de son « portefeuille diplomatique » — qui baisse » du coup, singulièrement dans mon estime — du pain et des saucisses. Il nous distribue la nourriture et, à un arrêt, il descend nous acheter des bouteilles de limonade. Mes compagnons reprennent confiance : ils commencent à croire qu’en effet on ne veut pas nous tuer.

— La mer ?

— Ya.

— Bateau ?

— Ya.

— Petit bateau ?

— Non, grand bateau.

Je suis justement devant ce grand bateau ; il est superbe et rempli de monde. Nous nous embarquons ; la mer est magnifique, éclairée par des phares de toutes les couleurs. Notre guide nous