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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/54

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mon voyage aventureux

résous pas. La femme me regarde méchamment ; elle semble très fâchée contre moi.

Mais je suis prise d’un hoquet nerveux qui ne cesse pas, je n’en suis pas effrayée, car j’ai eu bien des fois de pareilles crises. Mais la femme qui ne connaît pas cette maladie, prend peur. Elle m’apporte, en silence, un œuf, une tasse de thé et un sucrier. Ce dernier objet attire mon attention, c’est un verre à couvercle, comme il y en a en Allemagne dans les brasseries, j’examine le couvercle, il est en argent et porte une couronne royale avec deux initiales entrelacées : le verre d’un roi.

Voilà le jour, les Italiens se réveillent et nous délibérons sur notre situation. Où sommes-nous ? Nous n’en avons pas la moindre idée. Il apparaît que nous ne sommes pas chez des voleurs ; on ne nous veut pas de mal. Mais qui est cette femme ? Pourquoi nous laisse-t-on dans cette maison au lieu de nous faire continuer notre chemin, puisque la frontière est passée ?

Nous avons l’impression d’une organisation très mauvaise. Le fil parti de Berlin est coupé, nous sommes abandonnés dans un pays perdu. Mes camarades se désespèrent, surtout l’ex-dictateur, beaucoup plus nerveux que son ami.

Vers midi la femme nous sert un repas assez bon, mais nous n’avons guère d’appétit. La maison est en bois ; elle est composée de trois pièces : celle dans laquelle on pénètre d’abord, sert de cui-