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Page:Pellissier-Art-ancien.djvu/28

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LA POÉSIE ET LA MUSIQUE

La fonction propre de la musique est d’exprimer tous les sentiments avec leurs nuances les plus délicates, les plus fugitives, et de fortifier, d’exalter ces sentiments en les exprimant. La musique est mobile, vivante, animée, passionnée, mais son expression est très vague ; elle est tout à fait impropre à rendre la pensée. Par exemple, la plus simple mélodie peut émouvoir jusqu’aux larmes ; mais les plus savants accords ne feront pas comprendre que 6 + 4 = 10.

Associée à la poésie, dont elle partage le rythme, la musique ajoute à l’effet des vers ce qu’ajoutent à un dessin correct et savamment composé par un peintre, la vivacité des couleurs et l’harmonie des lumières et des ombres.

Pour juger et apprécier la musique, la règle est très simple et la même que pour les autres arts. Il faut proclamer belle, bonne, excellente, la musique qui élève notre âme, qui la soustrait aux sentiments bas et vulgaires, qui la dispose soit à une douce mélancolie, soit à une gaieté franche et naturelle ; la musique est sublime quand elle transporte l’âme jusqu’à la sphère des sentiments religieux. Toute autre musique est mauvaise, ce n’est plus un art, c’est un métier.

La musique classique est celle qui n’emploie les sons que pour rendre un sentiment simple et naturel, sans chercher les imitations réalistes, les effets extraordinaires ou les combinaisons savantes ; c’est la seule musique dont l’oreille ne se fatigue jamais. Haydn, Mozart et Beethoven sont les modèles immortels de cet art divin.

Quels sont les moyens dont la musique dispose pour charmer et élever l’âme ? Il y en a cinq principaux : 1° la tonalité des sons ; 2° le rythme, résultant du retour régulier d’une sorte d’arrêt sur un temps fort ; 3° la mélodie, résultant de l’enchaînement des sons ; 4° l’harmonie, produite par la simultanéité des sons ; 5° le timbre, qui résulte du carac-