Page:Pellissier - Le Mouvement littéraire au XIXe siècle, 1900.djvu/109

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE II

RÉNOVATION DE LA LANGUE
ET DE LA MÉTRIQUE

Le romantisme, qui transforma si profondément le génie national, ne pouvait manquer de renouveler notre langue dans laquelle il exprimait des pensées et des sentiments nouveaux.

Interprète dune société tout aristocratique, la langue du xviie siècle, dont le pseudo-classicisme prétendait maintenir les traditions, s’était d’elle-même accordée avec les élégances et les délicatesses du milieu contemporain. Elle convenait merveilleusement aux nuances discrètes de la conversation, aux curiosités de l’analyse morale, à tous les besoins et à tous les agréments des relations mondaines. Faite pour l’honnête homme puisqu’elle est faite par lui elle cause avec une grâce aimable, elle excelle à tourner finement quelque maxime, à esquisser un portrait, à raisonner une question de morale. Elle a toutes les qualités de son emploi décoratif et officieux, la clarté pour se faire entendre, l’harmonie pour charmer l’oreille, la noblesse pour ménager les scrupules d’un monde qui ignore ou tient a distance les vulgarités de la vie. Jamais de surcharge ni d’outrance ; point de mots qui fassent saillie, point de métaphores risquées, point de constructions hasardeuses, rien de fortuit ni d’accidenté, un courant égal et continu qui a